Femmes et argent : comprendre un tabou qui perdure

À l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le baromètre annuel « Les femmes et l’argent » de ViveS livre une nouvelle photographie des inégalités financières entre les genres. Une quatrième édition qui met en lumière les écarts persistants dans la gestion de l’argent, la carrière et l’investissement.

Sapiendo, qui s'engage depuis 5 ans pour une meilleure information des femmes en matière de préparation à la retraite, ne pouvait que vous proposerun décryptage de ce baromètre.

Un tabou persistant autour de l’argent

Bien que près de 8 interrogés sur 10 estiment bien gérer leur argent – un sentiment partagé de manière relativement équivalente entre hommes (80 %) et femmes (77 %) –, le sujet de l’argent en lui-même demeure tabou. Plus de la moitié des sondés (55 %) jugent délicat d’en parler avec leur entourage. Ce malaise tend à s’accentuer avec l’âge, affectant davantage les générations plus âgées, qui ont grandi avec l’idée que l’argent est un sujet privé.

La fracture générationnelle est particulièrement visible sur ce sujet : 62 % des femmes de 65 ans et plus jugent le sujet délicat, contre seulement 38 % chez les 18-24 ans.

Ce rapport à l’argent, souvent marqué par la pudeur ou le silence, se reflète aussi dans les comportements. En matière de gestion financière, l’étude révèle un paradoxe : un tiers des Français ne consulte jamais un professionnel pour faire le point sur ses finances, tandis qu’un autre tiers le fait au moins une fois par an. Cela souligne un manque de sensibilisation et d’accompagnement sur les questions d’épargne et d’investissement durant la vie active, qui peut ensuite se répercuter sur ses revenus à la retraite.

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Femmes et carrière : une relation compliquée à l’argent

L’une des principales inégalités mises en avant par le baromètre concerne la carrière professionnelle et la rémunération. Seulement 33 % des femmes se sentent à l’aise pour demander une augmentation salariale, contre 50 % des hommes. Lorsqu’il s’agit de négocier leur salaire à l’embauche, l’écart est encore plus frappant : 32 % des femmes contre 53 % des hommes. Ce différentiel traduit un malaise persistant dans le monde du travail, où les femmes peinent davantage à revendiquer leur juste rémunération. Cela peut s’expliquer par un manque de confiance lié à des stéréotypes de genre, une moindre valorisation des compétences féminines, mais aussi par la crainte d’être perçues comme trop ambitieuses ou exigeantes.

Or, qui dit rémunération moindre durant la vie active, dit pension de retraite moindre !  Découvrez les inégalités femmes / hommes à la retraite grâce à notre article, leurs causes et comment faire en sorte de les atténuer.

Un malaise qui se retrouve de façon plus générale dans les mots utilisés par les genres pour exprimer leur rapport à l'argent : si les hommes emploient davantage le terme « liberté » (43 %), les femmes optent quant à elles pour « angoisse » (39 %).

Cette différence se retrouve également dans la gestion du patrimoine et des placements financiers : les hommes se montrent plus enclins à parler de ces sujets avec leur entourage et à prendre des risques en matière d’investissement. Ainsi, 23 % des hommes déclarent investir en Bourse, contre seulement 11 % des femmes. La peur de perdre de l’argent est citée comme un frein majeur par 39 % des femmes, contre 31 % des hommes.

Une répartition inégale des finances dans le couple

Les finances des couples restent marquées par une répartition genrée des responsabilités. Les hommes gèrent davantage les achats d’équipement, les placements financiers et les acquisitions immobilières, tandis que les femmes se chargent principalement des dépenses du quotidien. Mais attention, par définition les dépenses du quotidien sont consommées immédiatement et ne permettent pas de ses constituer un patrimoine notamment pour le retraite.

Notons par ailleurs qu'une personne en couple sur quatre ne dispose pas de compte bancaire personnel. Une mise en commun des ressources qui peut provoquer une tentation de contrôle : près d'un sondé sur cinq a déjà eu le sentiment d'avoir été découragé à la dépense par sa ou son conjoint.

Autre constat : si 36 % des couples choisissent de partager les dépenses à parts égales, cette répartition ne tient pas compte des écarts de revenus entre les genres. Autrement dit, on applique une logique d’égalité — chacun paie la même somme — sans considérer l’équité, c’est-à-dire la capacité réelle de chacun à contribuer. Or, les femmes gagnant en moyenne moins que les hommes, un partage strict à 50/50 peut peser davantage sur leur budget et accentuer les inégalités économiques au sein du couple.

L’éducation financière : un levier pour attenuer les différences

Face à ces inégalités et aux tabous persistants, l’éducation financière apparaît comme un levier clé pour renforcer l’indépendance économique des femmes. Pourtant, seulement près de 4 sondés sur 10 se disent intéressés par des formations sur les sujets financiers, un intérêt paradoxalement plus marqué chez ceux qui se sentent déjà à l’aise avec ces questions.

Un domaine suscite toutefois un réel engouement : la compréhension des fiches de paie. 58 % des Français, et en particulier les femmes (60 %), se disent favorables à des formations proposées par leur employeur pour mieux décrypter ces documents complexes. Ce besoin est encore plus prononcé chez les jeunes de moins de 35 ans (71 %), preuve qu’une meilleure information pourrait être un premier pas vers une gestion plus éclairée de leurs finances. On ne peut ainsi qu'inviter les entreprises et leur service RH à proposer des séances d'information sur ce sujet. On retrouve ici le même besoin d'information que sur la préparation de la retraite. Sapiendo propose aux entreprises età leurs service RH toute une palette de services pour mieux informer leurs salariés. N'hésitez pas à nous contacter.

Vers une égalité financière réelle ?

La relation des Français à l'argent demeure paradoxale, marquée par des tabous persistants et une inégalité de traitement selon le genre. Pour les femmes, l'indépendance économique est un enjeu central, souvent accompagné d'une quête de légitimité dans leur rapport à la rémunération. L'argent représente un outil d'émancipation, mais son appropriation reste inachevée pour beaucoup.

Pour progresser, il est essentiel que chacun(e) prenne en main son autonomie financière. S'informer et se former sont des étapes cruciales pour acquérir atteindre un bien-être économique durable. En ce sens, un accompagnement accru est indispensable. Les employeurs notamment ont un rôle à jouer pour aider leurs salariés, et en particulier les femmes, à mieux comprendre et gérer leur argent.

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Pour aller plus loin

• Synthèse du baromètre ViveS