ELLE - 24 février 2025

Partager et protéger : deux piliers de toute belle histoire d'amour. On les conjugue souvent au présent, mais qu'en est-il du futur ? En matière de revenus, nous avons souvent le réflexe de partager l'immédiat, mais beaucoup moins de penser aux impacts sur le revenu différé qu'est la retraite... Et pourtant !

Valérie Batigne, fondatrice présidente de Sapiendo. Après une carrière en tant qu'avocate fiscaliste et managing director dans le secteur bancaire, j'ai fondé Sapiendo Retraite en 2015, animée par la volonté de moderniser la perception de la retraite en France, un domaine souvent mal compris et marqué par une extrême
complexité réglementaire.

Mon objectif était de développer des solutions de préparation à la retraite simples et ouvertes au plus grand nombre. Avec mon équipe, nous déployons ainsi un éventail de solutions digitales innovantes : de l'éveil pédagogique aux projections les plus complexes, le tout enrichi par un accompagnement humain attentif. Chez Sapiendo, l'innovation est notre credo, nous combinons diverses disciplines pour dépasser les barrières traditionnelles. Nous portons une vision globale de la retraite, intégrant retraite par répartition, épargne, stratégies fiscales et dimension psychosociale. Notre mission est de mettre cette expertise au service des employeurs, des salariés et de tous les citoyens, pour que la retraite ne soit plus un casse-tête, mais un projet de vie serein et maîtrisé.

Anticiper sa retraite à deux, c'est optimiser sa situation pour préserver le niveau de vie du couple et éviter les mauvaises surprises. Valérie Batigne, fondatrice et dirigeante de Sapiendo, vous livre quelques clés pour allier amour et prévoyance.

Partager pour améliorer les droits à la retraite de votre conjoint : le cas des trimestres enfants

Lorsqu'un couple accueille un enfant, la mère bénéficie automatiquement de 8 trimestres « gratuits » supplémentaires pour sa retraite. Plus précisément, elle en acquiert 4 au titre de la maternité , et 4 au titre de l'éducation de l'enfant.

Si ces trimestres de majoration sont lui sont attribués d'office, un partage avec le père est possible pour les enfants nés depuis 2010. Le cas échéant, ce dernier pourra au maximum en obtenir 2, qui seront alors soustraits à ceux de la mère. Il s'agit donc d'un choix stratégique qui peut avoir un impact sur les droits à la retraite de chacun. Mais attention ! Ce partage ne peut être demandé qu'entre les 4 ans et les 4 ans et demi de l'enfant.

Bon à savoir : le parent qui a au moins 1 trimestre enfant peut, depuis la dernière réforme des retraites, bénéficier d'une surcote, s'il arrive à rassembler tous les trimestres requis pour le taux plein entre ses 63 et ses 64 ans. Celle-ci peut atteindre 5 % de la retraite de base.

L'idéal ? Réaliser des projections chiffrées pour évaluer l'impact de cette décision sur la retraite de chacun... et prendre la meilleure décision pour le couple !

L'exemple de Caroline, 38 ans

Caroline est mère de trois enfants. Pour son premier enfant, elle a conservé l'intégralité des 8 trimestres de majoration. Pour les deux suivants, qui sont nés après 2010, elle a choisi de partager équitablement chacun des 4 trimestres d'éducation avec le père. Au total, elle bénéficie donc de 20 trimestres « enfants », tandis que son conjoint en comptabilise 4.

Caroline a commencé à travailler à 21 ans. Sans ces trimestres supplémentaires, elle aurait atteint son taux plein à 64 ans. Mais grâce aux 20 trimestres obtenus, elle cumule l'ensemble des trimestres requis dès ses 59 ans.

Or, depuis la réforme des retraites de 2023, l'âge minimum légal de départ à la retraite s'élève à 64 ans. Même si Caroline a validé tous ses trimestres dès 59 ans, elle devra attendre 64 ans pour liquider sa retraite à taux plein. Ses trimestres supplémentaires ne lui apportent donc aucun avantage en termes d'âge de départ. Mais elle pourra bénéficier de la surcote parentale de 5% sur sa retraite de base.

En ayant partagé ses trimestres enfants avec le père pour ses deux derniers, elle lui permet d'atteindre plus vite son âge de taux plein et peut-être aussi d'être bénéficiaire de la surcote parentale.

Lire la suite de l'article